INTERMINES HAUTS-DE-FRANCE, BELGIQUE, PAYS-BAS : UNE JOURNÉE A DUNKERQUE ET GRAVELINES

Auteur : Bernard GOMEZ (E 1969 ICiv)

 Le groupe Intermines Hauts-de-France, Belgique, Pays-Bas avait choisi Dunkerque pour une sortie à la fois festive et instructive le 5 juillet dernier : départ de la 5e étape du Tour de France et visite de Befesa Valera

 Le Tour de France est certes un spectacle populaire bien rodé, mais c’est aussi une formidable gestion de projet qui n’a pas à rougir de la comparaison avec un chantier de BTP. Le recyclage des poussières d’aciérie, une vieille idée pratiquée depuis près de 30 ans à Gravelines, est un bel exemple d’économie circulaire, pilotée par Befesa Valera.
Sous un ardent soleil, nous avons commencé la journée au Village départ du Tour de France, Place du Centenaire et sur la Digue de mer.

TOUR DE FRANCE, DÉPART DE LA 5E ÉTAPE
Nous avons eu la chance de suivre l’intégralité du processus de départ de la course : arrivée des bus des équipes, sortie des premiers coureurs, signature des feuilles et stand des interviews, petit tour de reconnaissance pour saluer les supporters, présentation des équipes, préparatifs du départ et départ fictif.
Pendant ce temps-là, la caravane du Tour s’était déjà élancée avec ses véhicules publicitaires originaux, et les inévitables goodies que fans et enfants attendent avec impatience. Il est à noter que la sécurité des personnels est assurée. Tous les “distributeurs” sont attachés, les acrobaties ne sont pas de mise.
Retour sur le ballet de la préparation de l’étape. La compa raison avec le ballet n’est pas déplacée, en effet l’organisation opérationnelle est minutée dans le temps et millimétrée dans l’espace. Dans la nombreuse équipe des organisateurs (plus de mille) chacun a son rôle, chacun a sa place et son identification visuelle. Un bel exemple de recherche opérationnelle¹, parfaitement maîtrisé par ASO (Amaury Sport Organisation qui produit le Tour), et qui préserve néanmoins l’esprit de la fête populaire.
Une étape à gérer, c’est comme une gestion de projet², tous les jours renouvelée, avec les prestataires (suiveurs, presse, gendarmes, équipe médicale), les timings et délais, la disponibilité des moyens, les aléas prévisibles ou imprévisibles, les objectifs attendus.
Christian Prudhomme, jusqu’à la dernière seconde est là, saluant les élus, s’assurant que tout est en bien en place. Le Boss sort le buste du toit de la voiture officielle n°1. Le public décompte 9, 8, 7… 2, 1 top et les coureurs s’élancent à 13h15 pour le départ fictif³. Nous avons été ravis de l’esprit de fête et admiratifs du grand professionnalisme de l’organisation parfaitement rodée de tous les acteurs.
Pour maîtriser les risques sanitaires avec autant d’interactions, tout le staff, sauf les coureurs en course, doit porter un masque et… le porte. Et malgré la foule le Tour 2022 n’a pas connu de cluster !
Le Tour de France est une belle fête et un beau spectacle. Son organisation bien huilée permet à ASO de figurer parmi les meilleurs opérateurs sportifs internationaux.

BEFESA VALERA À GRAVELINES
Installée à côté de la centrale nucléaire et du data center d’OVH, l’usine du groupe Befesa – une industrie primaire et une économie circulaire depuis longtemps – a pour vocation de recycler les poussières d’aciéries d’inoxydables. Le groupe a repris cette unité installée là depuis près de 30 ans pour profiter de la puissance électrique. Alessandro Barzasi en est le directeur et notre camarade Denis Chevé (P83) est responsable de la Division “Befesa Stainless Recycling”.
Avec un CA annuel de 27 M€, elle traite 65 000 tonnes de poussières par an, pour une production de 35000 tonnes de lingots réutilisables, et emploie 80 personnes. Le recyclage est une industrie vieille comme le monde. Recycler est une bonne idée mais qui n’est pas gratuite et le bilan économique mérite analyse. La rentabilité de l’activité dépend fortement des prix de l’énergie et du coke. En 2022 la conjoncture n’est pas favorable, et l’usine tourne en sous-charge. Ses clients sont principalement en Finlande, Espagne, Grande-Bretagne, France et Italie.
Comment traiter les poussières d’aciérie et récupérer les métaux qui s’y cachent? Le site abrite deux unités : un atelier d’agglomération des poussières et un atelier de traitement pyrométallurgique (technologie Submerged Arc Furnace). L’originalité vient de ce que le client final est aussi, dans la plupart des cas, le fournisseur des matières, l’entreprise n’étant que le prestataire du recyclage des poussières.
Les poussières sont livrées en big bag/vrac/camion-citerne et stockées en attente d’analyse. Chaque lot est identifié et géré séparément. La taille du stockage de ces poussières, classées en tant que déchet dangereux pour l’environnement, implique le classement Seveso du site par les autorités préfectorales. Elles sont ensuite amenées à l’humidification-compactage pour les transformer en briquettes en vue de leur refonte au four électrique. Sont aussi recyclées, auprès d’un site du groupe, les poussières filtrées des fumées de l’aciérie. Celles-ci, riches en oxyde de zinc, représentent une masse de 200 kg/tonne traitée.
Description du procédé aciérie : le four électrique à trois électrodes verticales en graphite, de 18 MVA de puissance installée (qui consomme plus de 10 GWh/mois) est chargé de coke, quartz, briquettes. La fusion porte le métal liquide à plus de 1 400 °C. Toutes les 4 heures, on déclenche une coulée de 100 à 120 tonnes. Le produit fini contient 55 à 65 % de fer, 15 à 20 % de chrome, 3 à 10 % de nickel, 4 à 6 % de silicium et 4 à 6 % de carbone. Les gangues ou matières indésirables forment un laitier composé de 30 à 50 % de SiO₂, 25 à 45 % CaO, plus MgO et Al₂O₃. Ce laitier représente un volume d’environ 50 % de la production totale. Il est valorisé auprès des utilisateurs de travaux publics en technique routière.
Spécificités industrielles : le procédé génère des fumées. Celles-ci font l’objet d’un traitement de filtrage très poussé, également énergivore. On récupère ainsi des matières, riches en zinc, qui sont à nouveau recyclées.
La sécurité du personnel est une préoccupation majeure dans un processus qui utilise des énergies électriques et des machines très puissantes, du métal liquide et un environnement poussiéreux. Des EPI particuliers et une grande attention aux conditions de travail sont impératifs.
Le service Qualité joue un rôle important. Il est chargé des analyses métallurgiques et du respect des normes. L’entre- prise est certifiée ISO 9001 – 14 001 – 45 001 – 50 001 – 14 064.
Les coûts d’exploitation et de maintenance sont élevés car le process utilise beaucoup d’énergie électrique et le matériel est soumis à une forte usure.
Recycler est une idée ancienne. On ne peut revaloriser les matières que si l’équation économique reste positive. C’est grâce à ses technologies modernes que Befesa Valera réussit à maintenir son activité dans le nord de la France.

DUNKERQUE EST TOUJOURS AUSSI JOLIE
Nous l’avions déjà observé en 2019⁴, la ville est riche d’emplois techniques très variés, d’une économie en plein développe- ment, d’une université et elle est très accueillante. La belle journée dunkerquoise s’est achevée par la tenue de notre AG annuelle, suivie d’un pot amical. Merci à toute l’équipe de Befesa pour l’organisation impeccable de la visite : Céline Degheselle, Alessandro Barzasi et Régis Fossier.
Un coup de chapeau à l’équipe du restaurant “Comme vous voulez”, qui a réussi à gérer un groupe de 15 personnes en un temps record, avec le sourire et une excellente qualité des mets. Une adresse à recommander (publicité gratuite).

1- La recherche opérationnelle, un must des programmes des écoles d’ingénieurs, voir Wikipedia : https://bit.ly/Wiki-RO
2- Gestion de projet sur Wikipedia : https://bit.ly/Wiki-GP
3- Le départ au “Village” est dit fictif, car les coureurs vont parcourir quelques kilomètres pour s’échauffer avant que le signal officiel ne soit donné par Christian Prudhomme, qui agitera son drapeau pour “lâcher” les cyclistes.
4- Voir Revue n°505 : https://bit.ly/Mines505-Dunkerque