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INGÉNIEURS, L'AGROALIMENTAIRE A BESOIN DE VOUS POUR SE RENOUVELER !

Revue des Ingénieurs

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01/03/2023

Auteur : Stéphane HERVÉ - Vice-président d'Agro ParisTech Alumni

 En crise mais porteur d’espoirs, l’agroalimentaire a plus que jamais besoin d’ingénieurs motivés, prêts à relever des défis concrets.
Interview de Stéphane Hervé, consultant associé chez Manageria, cabinet de recrutement pour les industries agroalimentaires.


 Après plus de 30 ans de carrière dans les industries agroalimentaires (IAA), dont 14 en recrutement, comment vois-tu l’évolution de ce secteur ?
Les IAA françaises sont composées à 95 % de PME régionales, qui emploient 500 000 personnes avec seulement 12 % de cadres, contre 16 % pour l’en semble de l’industrie. C’est un secteur en tension, malmené par la réglementation, la compétition internationale… et des consommateurs qui veulent des produits vertueux, sans être prêts à les payer : le bio a chuté de 10 à 15 % depuis la crise. Résultat : notre pays devient importateur sur des filières majeures, comme les oléagineux ou la volaille, au détriment de la qualité, du social et de l’environnement. Il est temps de relocaliser.

Quelles conséquences pour le recrutement des ingénieurs ?
Dans les fermes comme dans les usines, beaucoup de cadres et dirigeants approchent de la retraite, sans successeurs. Les jeunes ingénieurs désertent ce secteur, associé à la malbouffe et la pollution. Ceux qui s’y frottent découvrent des conditions de travail loin de l’image de la start-up nation : des ateliers de transformation où l’on travaille dans le froid, en bottes et en tablier. De quoi attirer ceux qui veulent un métier concret : ce sont souvent des BTS qui prennent ces postes. Nous devons former et attirer plus d’ingénieurs pour l’agroalimentaire.

Les politiques de RSE attirent-elles     les     talents ?
Oui, quand elles sont sincères. Les cadres engagés fuient le greenwashing et les postes RSE de façade. De toute façon, dans les PME de ce secteur, il n’y a souvent pas de poste RSE dédié. Par manque de moyens, le sujet est traité par le responsable qualité ou sous l’angle réglementaire. Les entreprises qui font valoir un engagement profond, comme Léa Nature, très investie dans le bio et qui vient de transmettre ses actifs à une fondation, attirent beaucoup de candidats.

Quelles opportunités pour les cadres expérimentés dans les IAA ?
Les IAA ont du mal à recruter en CDI des seniors onéreux, mais offrent des CDD de missions intéressants, sur un à deux ans, pour des managers de transition pour prendre la direction intérimaire d’une usine, déployer un système informatique, assurer le lancement d’un nouveau site industriel… Ceux qui sont prêts à prendre ces postes ne chôment pas.

Que dirais-tu aux ingénieurs pour les faire venir aux IAA ?
Nous avons besoin d’ingénieurs pour prendre la relève, adapter nos process au nouveau contexte, et redevenir compétitifs de manière durable. Des Agros bien sûr, mais le secteur est ouvert ! Un ingénieur des Mines formé aux process industriels y trouvera sa place, et acquerra sur le terrain ce que les Agros ont appris à l’école. Avant tout, nous cherchons des personnes motivées, prêtes à retrousser leurs manches pour donner un nouvel avenir à ce secteur, qui reste le premier employeur industriel de France et la marque de sa culture.

Propos recueillis par Anne Gouyon (voir pages précédentes)

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