Albert (N68) ou Arsène, ou Théophraste, le prénom a été changé.
Les femmes dans l’entreprise, j’en pense quoi ?
C’est un peu abrupt comme entame mais c’est bien de cela qu’il s’agit.
Magie féminine ? A partir de trois ou quatre situations on trouvera cinquante nuances non pas de gris mais de toutes les couleurs qu’on voudra.
On va essayer de mettre cela dans un ordre à peu près chronologique.
Encore jeune dans la vie professionnelle, à l’occasion d’un déménagement de mon service, je fais mes cartons mais j’ai déjà un mal fou à faire le tri dans ce que je dois garder ou jeter. Une collègue plus expérimentée, passant dans les parages, contemple la scène avec amusement et finit par venir à mon secours, presque maternante et me lançant dans un sourire : ‘Ne te prends pas la tête, jette !’ avant de s’éloigner tranquillement.
Un peu plus tard je prenais un poste qui m’intéressait beaucoup dans une équipe dirigée par une femme très compétente, mais dont la souplesse n’était pas le trait de caractère dominant. Elle me rendit la vie impossible, pinaillant sur des détails. J’eus plus tard l’explication par des collègues : elle avait peur que je lui pique son poste. Stupide. Mais peut-être avait-elle dû, pour obtenir ce poste, se bagarrer contre des concurrents masculins persuadés de leur légitimité ‘naturelle’. Circonstances atténuantes, donc.
Quelques mois avant mon départ en retraite, je propose aux RH de me mettre à mi-temps sur les dossiers que j’ai à boucler, et que l’autre mi-temps soit consacré à transmettre un peu de mon expérience à des collègues plus jeunes. La réaction à ma proposition a été pire que négative : pas de réaction. La responsable RH était une femme. Honte à elle.
Ce que je fis quand même, clandestinement. Les derniers temps, une jeune embauchée d’origine asiatique, au top du point de vue bagage scientifique, maîtrisant les algorithmes les plus sophistiqués, mais manquant de points de repère sur les bases du métier – ce qu’on appellerait aujourd’hui les fondamentaux -, venait deux fois par semaine dans mon bureau prendre un cours au tableau noir. Lors d’une de ces séances, découvrant avec une sorte de ravissement tout ce qu’on peut tirer d’une simple règle de trois, elle me déclare dans un langage imagé : ‘Finalement, Albert, t’es pas démodé !’. Merci à elle.
Post-scriptum- Je les ai toutes perdues de vue, si je venais à croiser l’une ou l’autre quelle serait mon attitude ?
- la première, je lui offrirais volontiers un verre !
- la deuxième je pourrais à la rigueur lui proposer de partager un verre à condition d’être sûr qu’elle ne mettra pas une heure à choisir entre thé au jasmin et thé au cumin
- la troisième peut passer son chemin
- la quatrième, je lui demanderais des nouvelles du métier, ce qu’elle ferait dans la bonne humeur et avec toute la patience nécessaire quand on s’adresse aux gens de mon âge...
Commentaires0
Veuillez vous connecter pour lire ou ajouter un commentaire
Articles suggérés