ELLE et LUI : la charge mentale c’est pour qui ?

Denys Cordonnier (N78) alias Lui

Facilitateur (maintenant retraité) et membre actif d'ATD Quart Monde (AGIR TOUS POUR LA DIGNITE) Voir son parcours

« Après l'étourdissant silence des Mineurs masculins à propos de l'égalité femme/homme dans le monde du travail, voici une petite contribution... mêler une forme humoristique avec un fond intéressant, c'est une marque de fabrique de la News des Mines, qui m'a du coup inspiré... » 

Scène 1 (lundi)

Lui (empressé, dictant son texto à voix haute) : Chérie, désolé, j’ai un papier à rédiger d’urgence. Je ne pourrai rentrer à la maison que vers 20h10… En passant, je prendrai de la tapenade chez Momo pour l’apéro. Albert et Titine m’ont confirmé leur arrivée vers 20h15. J’espère que tu auras le temps de préparer un petit plat, un truc simple ne t’embête pas. Je me dépêche.

Elle (amusée, répondant au texto) : Tu m’avais dit que tu t’occupais de tout. Ma dernière réunion se terminera à 20 heures. On fait comme on a dit.

Lui (agacé, se parlant à lui-même) : Ah zut, faut pourtant que je le finisse, ce papier pour la News des Mines, depuis le temps qu’ils nous relancent. Et puis ça m’intéresse d’écrire sur l’égalité femme/homme dans le monde du travail. 

Scène 2 (mardi)

Lui (fier d’avoir écrit et envoyé son fameux papier qu’il relit pour lui-même en le commentant) : Ah, ça fait du bien d’avoir fini. Surtout qu’elle est très sympa, cette News des Mines. Je voulais vraiment faire passer l’idée centrale : le principal frein à l’égalité femme/homme dans le monde du travail… c’est le déséquilibre de ce qui se passe à la maison ! Mais quand les hommes prennent toute leur part de charge mentale (comme on dit maintenant) de la vie familiale au sens large, alors ça change tout au boulot. C’est vrai quoi, on pourrait croire que c’est une problématique récente. Mais j’étais dans les précurseurs, moi ! Me voilà tout juste à la retraite, mais il y a 40 ans, j’ai directement travaillé à temps partiel, par choix, durablement. Certains employeurs n’ont pas voulu de moi, alors j’en ai trouvé d’autres. Et quand ma femme partait travailler 48 heures d’affilée (l’hôpital…) alors que je rentrais moi-même de déplacement professionnel, je n’avais pas de petites listes bien préparées par elle, j’assumais : les enfants (4), les sorties, les courses, les lessives… et les engagements associatifs. Aux jeunes générations, j’ai bien fait de leur écrire dans la News qu’elles ont encore du boulot pour que ça bouge et qu’elles doivent savoir qu’elles font suite à des précurseurs minoritaires comme moi. Et aussi bla bla bla, et bla bla bla bla…

Scène 3 (date de la parution du papier)

Le chœur des lecteurs (à quatre voix chantées, emplies de trémolos…) : merci le précurseur, nous sommes des héritiers, il a changé les couches, et il a fait l’diner…Bravo à Lui, le Nancéen, bravo à Lui.

Le chœur des lectrices (à quatre voix chantées, s’étranglant, mdr…) : Lui nous a bien fait rire, après tout il n’a fait que ce que nous faisons depuis la nuit des temps. C’est ça un précurseur ? Faut toujours que les hommes se mettent en avant, alors que nous le sommes… encore pour un moment !