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DEVENIR BUSINESS ANGEL

Revue des Ingénieurs

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23/06/2022

Auteur : Philippe PERNOT (N 1971 ICiv)

 Nos études et notre parcours nous ont orientés vers le développement des entreprises et l’innovation technologique. Nous nous y consacrons souvent avec passion dans notre vie professionnelle.

Mais que l’on soit en activité ou retraité, il existe une manière d’être plongé dans le développement de jeunes entreprises au travers de l’innovation. C’est comme ça que je suis devenu Business Angel.

 QU’EST-CE QU’UN BUSINESS ANGEL?

Le rôle d’un Business Angel auprès d’une start-up commence par un investissement en phase d’amorçage, et continue sur plusieurs années, jusqu’à ce que l’entreprise atteigne une phase de maturité.

Les Business Angels investissent lors d’une phase critique pour l’entreprise, qui est encore fragile. Ils prennent certes un risque financier en apportant leurs propres fonds, mais vont jouer un rôle fondamental dans la consolidation de la start-up. Ils apportent non seulement des fonds propres qui vont permettre à la start-up de bénéficier d’aides publiques et de prêts pour se développer plus rapidement, mais aussi leur expérience dans les choix stratégiques de l’entreprise. À la sortie, certaines des start-up dans lesquelles des Business Angels ont investi peuvent offrir une plus-value significative, mais cela reste un investissement à haut risque, pour lequel il convient d’être très sélectif dans le choix des projets, et de diversifier son portefeuille. Un bon pacte d’actionnaires est indispensable, et la sortie se prépare, en particulier en établissant une relation de confiance avec l’entrepreneur.

LES ASSOCIATIONS DE BUSINESS ANGELS

Sauf si l’on a des moyens financiers très importants, il est difficile d’être Business Angel seul. L’investissement moyen individuel se situe entre 10 et 20000 euros. Pour apporter des montants de 100 à 500 000 euros à une entreprise, il faut se regrouper. D’autre part, l’investissement ne se fait pas à l’aveuglette : il faut sélectionner les bons dossiers, les étudier et mettre en place les règles de la participation comme le pacte d’actionnaire. L’investissement se fait au moyen de réseaux de Business Angels. Si l’on a peu de temps à consacrer à ces activités, faire partie d’un réseau permet d’investir dans des projets innovants étudiés par le réseau. Mais on peut aussi s’impliquer dans le sourcing, la sélection et l’instruction. Il existe de nombreux types d’associations de Business Angels dont la plupart sont regroupées dans France Angels :

  • des réseaux régionaux qui sont proches du tissu local
  • des réseaux thématiques (par exemple Angel Santé)
  • des réseaux généralistes qui peuvent investir dans différentes branches et sur l’ensemble du territoire voire en

Intermines est partenaire des Business Angels des Grandes Écoles (Badge), le plus important réseau de France Angels. Il compte plus de 300 membres qui investissent entre 3 et 5 M€ chaque année dans une vingtaine de projets.

Devenir Business Angel chez Badge, c’est :

  • Pouvoir participer à toutes les phases de suivi d’un projet
    • Le sourcing : chercher les bons projets dans les incubateurs, les universités…
    • La sélection des meilleurs projets parmi ceux retenus
    • L’instruction d’un projet (en général à deux) qui permet de proposer l’investissement à l’ensemble des membres de Badge
    • Puis l’accompagnement au sein du Comité Stratégique ou Conseil d’Administration de la start-up qui permet d’y apporter nos compétences
  • Avoir accès à des formations sur les rôles du Business Angel : instruction, pacte d’actionnaire…
  • Pouvoir investir dans des projets bien étudiés avec un minimum de garanties sur la protection de l’actionnaire, même si l’investissement dans les start-up reste un investissement à beaucoup de start-up financées par les membres de Badge ont besoin de lever ultérieurement des fonds pour poursuivre leurs développements. Ces levées ultérieures pour des montants plus importants s’adressent plutôt aux fonds de capital-risque. Mais les business Angels suivent aussi les développements des sociétés : environ une moitié des fonds investis chez Badge le sont dans des 2e ou 3e tours de levées de sociétés dans lesquels les membres de Badge sont déjà actionnaires. Les projets qu’on peut soutenir sont dans la plupart des domaines de l’économie sans exclusivité. 

 

Les créateurs des entreprises dans lesquelles les Business Angels de Badge investissent ont l’envie de créer et le goût du risque qui va avec. Un des critères que nous privilégions : leurs capacités à réaliser leur projet, rarement comme prévu au moment de l’investissement, mais dans l’intérêt de toutes les parties prenantes.

Ce qu’une équipe de créateurs doit faire est tout simplement phénoménal: finaliser le développement de ses produits, acquérir et conserver des clients, recruter et motiver des collaborateurs, générer des innovations, etc. Sans parler des crises, exogènes comme la pandémie, ou endogènes de relations entre fondateurs… Il est rare qu’un binôme (cas le plus général) de jeunes créateurs ait toutes les compétences pour faire tout cela et les moyens de recruter l’armée de consultants qu’il leur faudrait pour le faire faire.

C’est là qu’interviennent les accompagnateurs, désignés par les investisseurs Badge pour siéger au comité stratégique des entreprises que ses membres financent. Ils ont normalement acquis une bonne connaissance des produits et marchés de l’entreprise au moment de l’instruction du dossier d’investissement et, surtout, établi des relations de confiance avec l’équipe de créateurs. Leurs expériences professionnelles leur ont généralement permis d’être confrontés à la plupart des problèmes listés ci-dessus et d’avoir au moins le début d’une idée de solution… Partager ces retours d’expérience avec les créateurs d’entreprises est probablement ce qui leur apporte le plus. L’accompagnateur est également le point de contact privilégié entre les créateurs et les investisseurs de Badge: il ne s’agit pas de s’interposer mais de faciliter les relations, de faire remonter aux créateurs les contacts utiles, de rediffuser de manière informelle les informations sensibles qui ne peuvent être écrites, de trouver dans la communauté des investisseurs les compétences qui peuvent être utiles à l’entreprise.

Et puis, il peut arriver que l’accompagnateur ait à défendre des points de vue qui ne sont pas ceux des créateurs ou des autres membres du comité stratégique : il n’y a pas toujours alignement des planètes…

Je suis un vieux mineur et un “jeune” membre de Badge, ayant adhéré début 2019. J’ai réalisé 8 investissements et accompagne 4 sociétés, toutes dans le domaine des greentech, par conviction de la nécessité impérative d’accélérer la transition énergétique. J’ai commencé ma carrière dans l’administration et l’ai poursuivie dans un grand groupe de l’électronique professionnelle. Ce qui m’a rapproché du monde de l’innovation et des start-up, c’est d’avoir eu la chance, après une carrière dans les ressources humaines et le management de centre de profit, de travailler dans la société de corporate venture dudit groupe, puis d’en avoir été responsable de la propriété intellectuelle. J’ai fini par trouver une vraie vocation : créer ma propre start-up, un cabinet de propriété intellectuelle... J’essaie désormais de transmettre ce que j’ai appris au cours de 40 ans d’activités et, ce faisant, j’apprends encore, notamment dans le domaine des relations humaines et de la gestion de crises, puisqu’il s’agit là tout particulièrement d’être à la fois bienveillant et exigeant.

À chaque stade de maturité d’une start-up correspondent des besoins financiers différents, et des typologies possibles d’investisseurs. J’ai pour ma part la chance de compter au capital de mon entreprise, Telegrafik des Business Angels de Badge et d’autres indépendants.

J’ai fondé l’entreprise fin 2013, pour proposer des technologies à même de répondre à l’enjeu sociétal fort que représente le vieillissement des populations. Un projet innovant avec un besoin d’infrastructure d’analyse de données de pointe demande de financer les phases de R&D puis de mises sur le marché, avant de dégager du CA. En sortie de R&D, le risque pris par les investisseurs qui rejoignent le capital de l’entreprise est considéré comme élevé, l’attraction marché n’étant pas encore prouvée : c’est dans ce type de phase, en amorçage, qu’il est possible de faire appel à des réseaux de Business Angels pour se financer.

Les premiers contacts et un premier passage en comité devant l’association de Business Angels permettent au dossier d’entrer en analyse. Puis différents rendez-vous permettent d’échanger plus avant sur le marché, le produit, la technologie, le business model envisagé. Enfin, la décision des Business Angels d’investir dans l’entreprise se fait lors d’un dernier passage en comité, sur la base d’une note d’investissement détaillée. Ce processus d’échange et d’accompagnement apporte à l’entrepreneur un regard extérieur utile à la maturation de son projet.

Une fois le premier tour de financement de Telegrafik réalisé en 2017, pour un million d’euros de fonds levés, j’ai mis en place un comité stratégique trimestriel, composé notamment de représentants des Business Angels, Jean-Philippe et Vincent. Ces comités sont pour moi l’occasion d’une prise de recul essentielle quant aux résultats et à la stratégie de l’entreprise, et sont toujours riches en retours, conseils, et questionnements pertinents. Ils m’ont aussi permis de calibrer au mieux les contours de notre deuxième augmentation de capital, début 2020, à nouveau d’un million d’euros, à laquelle ont repris part les Business Angels de Badge, me renouvelant ainsi leur confiance.

Et aujourd’hui, Telegrafik connaît une nouvelle phase d’accélération, portée par la massification du vieillissement, mais aussi par notre positionnement fort d’unique plateforme pour l’ensemble des solutions connectées innovantes pour le Bien Vieillir. Dans ce cadre, nous prévoyons de réaliser en 2022 un troisième tour de table (série A), qui nécessite de définir et de défendre une stratégie de croissance ambitieuse : il est alors Ô combien utile pour moi de pouvoir m’appuyer sur des échanges réguliers avec Jean-Philippe et Vincent, toujours présents pour me faire des retours à la fois bienveillants et pertinents.

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