Cupidon en entreprise : liaisons dangereuses pour les RH ?

Depuis toujours, 

et ce quel que soit le niveau de transformation qu’elle a atteint, l’entreprise est un lieu de socialisation. Et s’il y a bien une chose qui persiste, au fi l du temps, ce sont les relations intimes (consenties (1)) au travail entre deux adultes.  Elles font partie de la vie des organisations, alors même que le sujet n’est pas

toujours évoqué de manière sérieuse et ouverte. De telles amours sont susceptibles d’avoir un impact sur le quotidien des professionnels des ressources humaines. En effet, rares sont les DRH à ne pas avoir été confrontés à ce sujet dans le cadre de leur carrière. Faut-il craindre ces relations ? Rester discret ? Parler, et si oui, comment ? Quel accompagnement effectuer auprès des managers ? Et maintenant, si nous parlions d’amour…

(1) Le sujet de l’article porte sur les relations consenties, sans contrainte, pression, violence. Il ne s’agit évidemment pas de nier les situations de harcèlement de discriminations et de souffrances qui peuvent en découler. 

ÉTAT DES LIEUX

Données chiffrées

En France

et en Europe

Le focus sur l’étude comparative de QAPA (2) parue en février 2023 apporte des informations objectives sur
ce thème.
 À la question, « Selon vous, peut-on trouver l’amour au travail ? », voici ce qu’a répondu le panel  interrogé.

(2) Solution digitale d’Adecco. L’intégralité du sondage est

visible par exemple à l’adresse suivante : https://www.tendancehotellerie.fr/articles-breves/communique-depresse/18974-article/sondage-qapa-au-travail-la-saintvalentin-2023-sera-t-elle-la-plus-hot-de-ces-dernieresannees#:

À la question, « Avez-vous déjà eu une relation amoureuse dans le cadre du travail ? », les réponses s’établissaient comme suit.

Au début des années 2000, 50 % des travailleurs européens auraient eu des rapports autres que  rofessionnels

et, en Suisse, la moitié des couples se seraient formés sur leur lieu de travail (3). L’entreprise semble être le lieu de tous les rêves les plus inavouables : 92 % des personnes interrogées confirment, dans l’étude précitée, que faire l’amour au travail est le fantasme ultime ! Une augmentation très sensible constatée depuis 2021, puisque ce pourcentage s’élevait alors à 84 %. Les contextes de transformation des entreprises, de développement du travail hybride et/ou de nouvelles formes d’organisation ne semblent pas ralentir ce phénomène.

Sur le continent Nord-Américain Aux États-Unis, 20 % des couples mariés se sont rencontrés sur leur lieu de  travail. Selon le site noovomoi (4), les québécois sont, parmi les canadiens, ceux qui développent le plus de sentiments amoureux au « boulot » :

− une personne sur trois admet avoir déjà eu une idylle avec une personne travaillant au même endroit ;

− 27 % d’entre eux sont d’avis qu’il est préférable de garder leur relation complètement secrète, loin des yeux indiscrets des autres employés et surtout du « boss ».

Information novatrice de cette étude, le point de vue des dirigeants : 83 % des patrons se disaient ouverts

(ou totalement indifférents) à l’idée de voir des employés devenir amoureux.

(3) Monster.fr..

LE SAVIEZ-VOUS ?

40 % des salariés concentreraient 80 % des aventures…

CONNAISSEZ-VOUS LA LOI DE CUPIDON ET SA FORMULE MATHÉMATIQUE ? (5)

Selon elle, une personne aurait une relation sexuelle avec l’un de ses collègues de travail tous les sept ans d’ancienneté.

Pour évaluer le nombre potentiel d’aventures au bureau, il faut prendre en compte celui des salariés de

l’entreprise, puis multiplier ce chiffre par l’ancienneté moyenne des collaborateurs et diviser ce résultat par 7. Puis multiplier ce résultat par 3 et le diviser par le nombre total de salariés de l’entreprise.

Exemple:

Une entreprise emploie 300 salariés dont l’ancienneté moyenne est de 12 ans. Le nombre potentiel de relations amoureuses s’élève dans ce cas à :

300 × 12 = 3 600.

3 600 / 7 = 514,28

514,28 × 3 = 1 542,86.

1 542,86 /300 = 5,14.

La formule ne précise pas s'il faut arrondir à l'entier inférieur ou supérieur sur votre tableur Excel !

Corpus juridique L’article 9 du Code civil protège la vie privée des salariés pendant et en dehors de leur temps de travail (6).
Dès lors, l’employeur n’a pas à s’immiscer dans les relations personnelles de ses collaborateurs. En revanche, lorsque celles-ci risquent d’avoir des répercussions importantes sur la vie de la société, il peut, au titre de son pouvoir de direction, prendre des mesures proportionnées pour protéger les intérêts de l’entreprise. Ce sera le cas pour lutter contre des actes de favoritisme, de discrimination, de nonrespect de la confidentialité… ou dans l’hypothèse de désorganisation (actes sexuels pendant le temps

(5) Formule validée par Loick Roche : https://fr.linkedin.com/in/loickroche.

(6) « Chaque salarié a le droit au respect de sa vie privée. »

(4) https://www.noovomoi.ca/vivre/couple/article.amour-auboulot-

le-quebec-surclasse-les-autres-provinces.

Isabelle Dezaniaux
DRH