Mécénat de compétence ?

Le 14 Novembre s’est tenu un webinar sur le thème « Le mécénat de compétence ». 
Ce Webinar était organisé conjointement par Intermines Carrières et l’association des Alumni Arts et métiers.

Paul-Henri a replacé ce webinar dans un contexte de solidarité au sein duquel associations et entreprises collaborent pour des actions sociales. Il souligne que ces démarches prennent de plus en plus d'importance compte tenu des engagements RSE de ces entreprises.

Les maîtres mots de ce webinar étaient sens, action sociale, solidarité et entraide, et, de manière inattendue de prime abord, mais finalement logique, de développement personnel, de progression et d'apport pour les entreprises mécènes, car le retour vers ces entreprises quand elles engagent leurs collaborateurs est important (leadership positif, écoute, compréhension de la diversité et de la différence), à un point tel que Paul-Henri nous explique que lorsqu’il recrutait pour des postes de management transverse dans ses équipes, il demandait aux candidat de démontrer une expérience associative (les leviers de management sont similaires).

Le retour est important aussi bien sûr pour les collaborateurs engagés, car ces actions, leur permettent de répondre à leur attente de sens et de solidarité. En effet, une carrière de Cadre est en général vécue de manière intense. C'est passionnant,  très prenant, motivant. Cela donne envie, mais cela peut aussi épuiser parfois. Après quelques années d’exercice, au-delà de la passion et la motivation qui perdurent l’ingénieur peut ressentir un double besoin :

• besoin de sens, redonner du sens aux actions personnelles et professionnelles,
• besoin de temps de respiration, en cours de carrière, ou de changement de contexte et de rythme en fin de carrière.

Ce sens et ce temps de respiration chacun peut les retrouver dans l'action sociale et solidaire. 

Cette action peut être menée soit "chacun de son  côté" en tant que bénévole auprès d'une association, soit dans le cadre de l’entreprise qui peut, en tant que mécène, non seulement financer des projets d'associations, mais aussi mettre à disposition des compétences suivant des formats divers (quelques jours par an, ou  périodes plus longues en cours ou en fin de carrière) ; On parle alors de mécénat de compétences.

A tout âge de la vie professionnelle, le Mécénat de compétences apparaît alors comme une occasion, ou une période, inédite qui permet de faire un pas de coté, de ralentir, ou plutôt d'ajuster, le rythme, tout en mettant à profit ses compétences et son expérience au service d'une belle cause, au service des autres.

Si on regarde plus loin cela peut être aussi une opportunité pour l’emploi des seniors et de son aménagement nécessaire. Mais ça reste à construire ou plutôt ça n'est pas encore massivement proposé.

Ce webinar était conçu comme un moment de partage et d'échanges, le thème du jour étant illustré via quatre interventions :

1. témoignages de mentors (mécénat de compétences en cours de carrière) : Cécile Gain (Arts et métiers) et Emile Gateau (IE07)
2. témoignage d'un mentoré : Bilal Alauddin (E16)
3. témoignage sur le mécénat de compétences en fin de carrière : Paul-Henri Oltra Nayl (E81)
4. présentation de l'association Article 1 : Nastya Makouke (Responsable Article 1 Paca)

Témoignage : Expérience de mécénat de compétences via le mentorat (Emile Gateau)

Emile a 36 ans et travaille chez Orange depuis 15 ans. Il a rejoint Article 1 il y a deux ans avec la conviction que les connaissances dont il dispose aujourd'hui auraient grandement bénéficié à son parcours étudiant. Issu d'un environnement qui n’était pas un milieu d’ingénieurs, il aurait apprécié être mentoré pendant ses études pour élargir ses horizons, d'où sa volonté de partager ses expériences pour aider d'autres jeunes.

Avec le soutien d’Orange Emile a découvert Article 1 et s'est lancé dans le mentorat, consacrant quelques heures par mois de son temps de travail à cette cause. Il rencontre régulièrement son mentoré, un étudiant ingénieur non issu d'une famille d'ingénieurs, avec des sessions d'1h à 1h30 toutes les six semaines. Ce modèle de mécénat de compétences s'adapte à sa charge de travail importante, représentant un engagement simple et ressourçant, en mode colibri.

Avant de se lancer dans le mentorat, Emile se questionnait sur ce qu'il pouvait apporter à un jeune. Article 1 l’a  associé à un jeune partageant un profil similaire, un étudiant ingénieur n'ayant pas d’ingénieur dans son entourage. Emile a été un guide pour ce jeune, l'aidant dans des choix structurants tels que la décision récente de partir en VIE aux États-Unis. Il a également contribué à peaufiner son CV et à établir des contacts pour des stages. Dans l'ensemble, cette expérience a renforcé la confiance de son mentoré en le mettant en position de réussite.

Sur le plan professionnel, le mentorat a permis à Emile d'améliorer sa posture de coach, de se sentir utile et de donner du sens à ses actions. Après deux ans, le bilan est très riche, incitant Emile à envisager de prendre en charge un deuxième jeune. Ces actions prennent une dimension encore plus significative dans son environnement professionnel, puisqu'au sein de son entité opérationnelle, chaque salarié est invité à mettre en œuvre une action d'engagement sociétal chaque année.

Témoignage : Expérience de mentorat (Cécile Gain)

Cécile, forte de ses 45 ans et d'une expérience professionnelle de 20 années, s'est souvent trouvée sollicitée par son entourage pour des conseils en matière d'orientation. Elle a naturellement embrassé le mentorat en initiant ses premières sessions d'aide avec des proches, tels que le fils d'une relation ou ses neveux, dans leurs choix post-Bac.

En tant que première ingénieure au sein de sa famille, Cécile a rejoint Article 1 avec la motivation d'aider des jeunes dépourvus de réseaux leur fournissant des conseils pertinents. Elle apprécie le cadre qu'offre Article 1 pour structurer son mentorat. La mission qui lui a été confiée consiste à accompagner une jeune élève ingénieure, également la première de sa famille à embrasser cette carrière, et qui se trouvait ainsi confrontée à de nombreuses interrogations auxquelles son entourage ne pouvait répondre.

Cécile souligne que le mentorat ne se résume pas à agir à la place du jeune, mais à lui donner les outils nécessaires pour cultiver son autonomie. Elle insiste sur le rôle du mentor, qui consiste à guider et accompagner, laissant au jeune la responsabilité de définir ses propres objectifs. Selon elle, le mentorat est une expérience non seulement gratifiante mais également énergisante. Un simple entretien avec sa mentorée parvient à rebooster Cécile pour plusieurs jours.

Sur le plan professionnel, le mentorat a transformé ses méthodes de management. Cécile privilégie désormais l'écoute active et favorise la reformulation des problèmes par les collaborateurs, les incitant ainsi à trouver leurs propres solutions. Le mentorat, selon elle, représente une méthode de développement des managers au sein de l'entreprise, à travers des cas pratiques concrets. Sa propre entreprise a d'ailleurs mis en place un programme de mentorat interne, mêlant différents univers professionnels.

En guise de conseils pour les futurs mentors, Cécile recommande de se lancer, d'accorder une écoute attentive (notamment pour clarifier les problèmes à traiter) et de ne pas hésiter à montrer ses faiblesses, car cela renforce la confiance du mentoré.

Témoignage : Expérience de mentoré (Bilal Alauddin)

Bilal est actuellement Data Scientist au sein d'une société de consulting. Issu d'une famille d'ouvriers, les contours de son avenir professionnel étaient flous dans sa jeunesse, et l'idée de devenir ingénieur ne faisait pas partie de ses préoccupations. Ce monde professionnel lui était alors largement inconnu, d'autant plus qu'il n’avait aucun ingénieur dans son environnement proche.

Les premières interrogations sur son parcours et la possibilité d'accéder à une carrière d'ingénieur ont été un défi pour Bilal. Le manque de modèles dans son entourage lui donnait l'impression que cette voie n'était pas envisageable pour lui, comme si elle lui était interdite, un univers auquel il n'aurait pas accès.

Heureusement, Bilal a bénéficié d'un mentorat dès sa sortie de Terminale, grâce à un bénévole d'Article 1. Cette rencontre lui a ouvert une fenêtre sur le monde du travail. Son mentor a joué un rôle crucial en renforçant sa confiance en lui, en le rassurant sur ses capacités, et en l'aidant dans ses démarches, notamment lors de la recherche de stages. Le mentor n'a pas hésité à partager ses propres faiblesses, ce qui a permis à Bilal de réaliser qu'ils partageaient des expériences similaires.

Le mentor a dissipé les doutes de Bilal quant à ses choix d'orientation, lui faisant comprendre que sa carrière ne serait pas définie de manière irréversible. En tant qu'ingénieur généraliste, il pourrait faire des choix évolutifs sans être prisonnier d'un domaine spécifique.

En conclusion, Bilal exprime sa volonté de devenir à son tour mentor, trouvant cette expérience extrêmement gratifiante, surtout lorsqu'il s'agit d'aider des jeunes, perpétuant ainsi le cycle bienveillant du mentorat.

Témoignage : Expérience de mécénat de compétences en fin de carrière (Paul-Henri Oltra Nayl)

Paul-Henri, 61 ans, a partagé le contexte de sa carrière riche et passionnante au sein d'un grand groupe, avec des responsabilités et des défis internationaux. Son départ, à 59 ans, a été rendu possible grâce à l'accord intergénérationnel signé par son entreprise. Cela lui a permis de quitter ses fonctions opérationnelles cinq ans avant la retraite, la seule "contrainte" était de passer la première année à mi-temps, soit dans l'entreprise, soit en association à but social. Il a donc choisi cette dernière solution, et sa première année a été consacrée à une collaboration à 50% au sein d'Article 1, association partenaire d'Orange, dans le cadre de cette initiative de mécénat de compétences.

Il a insisté sur la nécessité de se préparer à ce changement de rôle. Dans son cas il s'agissait passer d'un poste de cadre dirigeant dans une multinationale à celui de "stagiaire" au sein d'une association. Il s'agit de bien comprendre quelle est la nouvelle posture, ainsi que ce qu'il va falloir mettre de côté, et de l'accepter. Cette préparation a également été abordée dans le contexte de la transition vers la retraite, soulignant en particulier l'importance de maintenir de l'activité et des liens sociaux.

Paul-Henri a exposé en détail ses motivations, soulignant sa volonté d'être socialement utile, de s'investir pour une cause significative, de travailler avec et pour des jeunes, et de vivre une expérience professionnelle différente. La transition graduelle d'une activité à temps plein à une activité de temps libre a été discutée en tant que considération cruciale dans cette démarche. En effet cette période de mi-temps en association a été considérée comme une période charnière, permettant de passer progressivement d'un temps plein à un agenda plus libéré.

Trouver une association acceptant d’intégrer un volontaire en fin de carrière n’est pas toujours un long fleuve tranquille, et peut demander d’effectuer plusieurs candidatures, comme pour une recherche d’emploi.

Il a donc insisté sur la nécessité de prendre du temps pour chercher une association. Le candidat pour une mission en mécénat de compétence est motivé, compétent, dynamique et GRATUIT, mais cela ne suffit pas toujours pour convaincre, c'est un chemin qui peut demander temps et patience. La relation avec Article 1 a été  rapide, et tout a été bouclé en moins de deux semaines car les personnes impliquées se sont rapidement mobilisées.

Paul-Henri a décrit en détail son immersion dans l'équipe d'Article 1 à Marseille, soulignant sa posture délibérée de débutant souhaitant découvrir un nouveau monde et de nouvelles expériences. Il a été accueilli par une équipe jeune, composée d'une demi-douzaine de membres, brillants et très investis de leur mission. La différence d’âge n'a jamais été ressentie (cela aussi est une question de posture de chacun et peut nécessiter un travail de préparation de l’équipe qui intègre ainsi un nouveau membre).

Il a décrit ses missions et ses actions au sein d'Article 1, notamment la constitution d’un référentiel des entreprises locales, la prospection active de ces entreprises, les rencontres avec leurs responsables, mais aussi le mentorat de jeunes étudiants, l'animation d'ateliers en lycées et établissements du supérieur, la participation à la préparation de séminaires d'équipe, et le conseil à la responsable régionale sur demande de celle-ci.

En conclusion, Paul-Henri a souligné que les objectifs avaient été atteints avec succès. La transition vers cette nouvelle phase de vie a été douce, et il a éprouvé un immense plaisir à travailler au sein de l'équipe d'Article 1. Les rencontres significatives, la satisfaction d'être socialement utile, et les nombreux apprentissages tirés de cette expérience ont été mis en avant. Il a souligné la correspondance de son expérience avec les conclusions de la littérature et des études sur le mécénat de compétences en fin de carrière, mettant en avant la recherche de l'utilité sociale, la projection positive dans la future retraite, la préparation réussie à ce passage.

Présentation d’Article 1 (Nastya Makouke)

Article 1 s’est donné pour mission de combattre les inégalités sociales et les discriminations, en animant une communauté de plus de 30 000 bénévoles (étudiants et professionnels), pour accompagner les jeunes de l'orientation à l'insertion professionnelle :

• Orientation post-bac : les lycéens sont aidés pour faire des choix d'études adaptés à leurs aspirations et à leur potentiel.
• Réussite des études supérieures : le mentorat met en relation un étudiant avec un mentor qui peut l’écouter et le conseiller dans ses études et son insertion professionnelle.
• Préparation du projet professionnel : l’association propose aux jeunes d’identifier leurs soft skills, de découvrir des métiers et de préparer leur insertion professionnelle.

Pour en savoir plus sur Article 1, vous pouvez contacter Nastya Makouke : nastya.makouke@article-1.eu 

Paul-Henri OLTRA NAYL (E81)