Carrières * Travailler en deepwork, ou comment réapprendre à se concentrer vraiment
Dans le fil du webinar de Odile Liu (P 2011) le 19 juin sur les techniques pour toujours avoir une concentration au top, lisez l’article ci-dessous »
Le concept de deepwork, ou travail profond, importé des Etats-Unis rappelle l’importance de la concentration dans l’efficacité au travail. Une manière de faire facile à adopter, avec quelques habitudes strictes, qui permet de se sentir plus productif. Et de restaurer sa confiance en soi.
Notifications de mails, réceptions de sms, tchat, réseaux sociaux, lave-vaisselle à débarrasser, téléphone qui sonne, rendez-vous chez le médecin à prendre, lettre à poster, inscriptions des enfants à la garderie à gérer, factures à payer… Le quotidien est sur-chargé. Considérer qu’il est possible de faire toutes ces tâches à la fois, sans organisation est impossible… ou extrêmement chronophage et fatiguant en terme de charge mentale !
Pourtant il faut bien les faire. Oui, mais comment ?
Pour Lydia Plassais, coach et auteure du livre Libérer votre temps (autoéd. février 2023), “le deepwork est la solution miracle.” Carrément ! “C’est une méthode qui permet d’être vraiment présent à ce que l’on fait” commence-t-elle, alors qu’elle accompagne au quotidien des “personnes qui sont complètement dispersées, qui passent d’une tâche à l’autre tout en scrollant sur leur téléphone.” Le deepwoork, ou travail profond, permettrait donc d’atteindre un état où l’on ne cède plus aux distractions alentours (pourtant nombreuses !).
Une compétence qui se travaille
Venu des Etats-Unis, le concept est popularisé par le professeur américain Cal Newport. Dans son livre Deep Work (éditions Alisio, septembre 2017), traduit en français sous le titre Deep work, retrouver la concentration dans un monde de distractions, il défend une méthode pour reprendre le contrôle de son organisation. Pour lui, la concentration est en effet une compétence qui s’acquiert et se travaille.
Pour atteindre cette compétence, il évoque quatre approches possibles :
la “monastique” : s’éloigner au maximum de toutes distractions,
la “bimodale” : caler des temps de deepwork dans l’emploi du temps,
la “rythmique” : créer des routines de travail, qui laissent moins de place aux distractions
la “journalistique” : un mode avancé qui permet d’entrer en deepwork sur commande.
Le livre de Cal Newport réunit des milliers d’adeptes, enchantés de cette méthode de travail qui les aide à être plus productifs.
Pour Adrien Chignard, psychologue du travail, “c’est un mot anglais pour une technique qui existe depuis longtemps et qui s’appelle l’attention focalisée“, ou “travail en profondeur“. C’est à dire “maximiser sa vigilance, sa concentration, en direction d’une tâche complexe.” La question est donc davantage de réussir à atteindre cette attention focalisée, alors que le monde s’est accéléré et que l’infobésité ruine aujourd’hui nombre de nos efforts de concentration.
“On imagine que l’on peut faire plusieurs choses en parallèle, mais le multitasking n’existe pas, rappelle le psychologue. On fait, en réalité, les choses les unes après les autres, en série, avec des micro-coupures entre chacune : ce qui consomme beaucoup d’énergie et se révèle d’un intérêt limité. L’intérêt du deepwork est de revenir au fondamentaux : hinc et nunc ou ici et maintenant (en latin!).”
Adrien Chignard propose trois méthodes pour y parvenir :
1 : travailler en mode avion (en coupant toutes distraction pendant 2h par exemple ou en calant à son agenda des « réunions pirates » : temps sur lesquels vos collègues n’oseront pas vous déranger puisqu’ils vous croiront en réunions pour de vrai !).
2 : arrêter les post-it et découper les tâches complexes en petites unités : cela permet de calmer le cerveau et de faire baisser la charge mentale.
3 : se libérer du “temps tampon” (par exemple ne rien prévoir le vendredi après-midi pour se garder une marge pour gérer les aléas de la semaine, s’avancer sur un travail futur ou gérer un travail qui nécessite davantage de concentration.
Pour se dépasser
Lydia Plassais s’accorde avec ces conseils. Pour elle, qui a toujours réussi à atteindre cet état de concentration bien avant d’en connaître le nom à la mode, tout le monde peut le faire. “C’est un entraînement, reconnaît-elle. On ne peut pas commencer par 3 heures de deepwork. Pour apprendre, je conseille de mettre un chronomètre avant de s’atteler à sa tâche. A la première distraction, on coupe le chrono : cette durée sera votre durée de deepwork. Si c’est 25 minutes, vous pouvez fixer 25 minutes de travail profond chaque jour ou en fonction de vos besoins de travail. Cette durée augmentera dans le temps, grâce à l’entraînement.” Tous ses clients atteignent rapidement 45 minutes de travail en profondeur, assure-t-elle. Il existe des playlists, comme la playlist Deep focus, sur Spotify(https://open.spotify.com/playlist/37i9dQZF1DWZeKCadgRdKQ) qui aident à entrer dans l’état de concentration recherché.
Dans quel but ? “Se dépasser“, résume Lydia Plassais. “Le deepwork offre le sentiment de faire un travail de qualité, or aujourd’hui le travail de qualité est souvent empêché, complète Adrien Chignard. Le travail engage une identité : on met de soi dans ses tâches. Mais, à le faire toujours plus vite, et avec moins de qualité, on a l’impression de devenir un professionnel de moindre qualité. Le deepwork, en restaurant la qualité du travail, permet aussi de restaurer l’estime de soi, la confiance en soi.”
Un élément essentiel de la qualité de vie au travail : “on a tous besoin de faire du bon travail pour se sentir utile et à la bonne place“, conclut-il. Le deepwork est une méthode pour y parvenir. “Essayez, et vous verrez !“, encourage Lydia Plassais.
Lucie Tanneau My happy job
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