L’innovation technologique n'est pas la solution unique à la crise écologique, comme l'illustre l'exemple du véhicule électrique qui, s'il permet de réduire les émissions de GES pendant la phase d'usage, engendre des transferts de pollution vers d'autres phases du cycle de vie (production de la batterie et production d'électricité). On peut défendre la thèse que la crise écologique est en partie la résultante d'innovations technologiques passées dont les impacts environnementaux n'ont pas été pris en compte dès la conception et qui ont produit des effets négatifs inattendus. Des travaux d'historiens récents remettent en cause la thèse d'une transition énergétique, mettant en évidence un phénomène d’addition énergétique où les énergies (bois, pétrole, gaz, renouvelables) s'ajoutent les unes aux autres sans substitution véritable.
Pour Franck Aggeri, les enjeux de l'économie circulaire et de l'innovation responsable portent moins sur l'intensification de l'innovation technologique que sur l'invention de nouveaux modèles de sobriété qui concernent simultanément le système d'offre et de demande ainsi que les transformations des systèmes de gestion encore trop tournés vers la croissance des volumes produits. Parmi les voies prometteuses actuellement explorées par les producteurs ou distributeurs, Franck Aggeri présentera au cours de cette Matinale de l'innovation le potentiel des stratégies de produits-services visant à intensifier l'usage des produits et à allonger leur durée de vie des produits. Côté demande, il mettra en évidence les actions possibles pour promouvoir des modèles de consommation plus sobres qui répondent à des aspirations croissantes des populations.
