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Petit éloge du running

News des Mines

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04/07/2024





Je viens de courir, le 16 juin, mon premier semi-marathon à Phalempin, à proximité de Lille, entre ciel et vert. C’est la dernière péripétie en date d’un mouvement qui a démarré pour moi à l’hiver 2020. Ma rencontre il y a quelques jours avec l’auteure Cécile Coulon1, m’a donné envie de partager avec les lecteurs de la News des Mines la réponse à la question : pourquoi est-ce que je cours ? Je lirai avec plaisir en retour les réponses des nombreux runners parmi les anciens de l’école.

Dans ma famille, personne n’a jamais accordé la moindre importance à la pratique sportive. J’ai grandi dans un mélange de culture prolétarienne et paysanne où l’effort physique en général ne se gaspille pas : il est dû au travail et à la terre. Au sein de cette culture, l’étiquette d’intellectuel m’a très vite été accolée, avant même que je ne porte des lunettes : c’était un fait établi, je ne serai jamais doué en sport. Le calvaire des cours d’éducation physique au primaire le confirma et ne me laissa que points de côté douloureux et angoisse des bassins. Entre autres exemples, je n’ai réussi à apprendre à nager que pour préparer les épreuves d’admission à l’X… épreuves que je n’ai jamais passées. Même si je ressentais que les longueurs de bassin m’étaient bénéfiques dans mon activité cérébrale (je rédigeais mes DM de maths en soufflant fort dans l’eau et en étirant bras et jambes), je n’ai pas poursuivi une fois les concours passés, la volonté me faisait encore défaut. Au Mines, je préférais arpenter l’Odéon et le Lucernaire plutôt que les cours de tennis du Luxembourg, sport que j’avais choisi parce que c’est celui où il me semblait le plus facile de faire illusion.

La volonté est venue à 45 ans, par orgueil, pour montrer à celle que j’aimais, nageuse de haut niveau, que moi aussi je pouvais être capable d’une « perf ». La première fois que je me suis élancé en running, j’ai compris que je ne pourrai pas cette fois tricher. L’orgueil, comme les roses, fane mais le désir de courir demeure : c’est pour moi-même que je cours, comme une revanche sur ma vie d'enfant. Pour comprendre toutes les autres raisons de courir, lisez le livre2 de Cécile Coulon, tout y est déjà écrit : « Elle [la course] ne s’alourdit d’aucune contrainte ; elle incarne la liberté de l’homme à chercher, dans sa douleur, dans sa vitesse, dans ses capacités physiques, morales et psychologiques, la force d’avancer, même s’il s’agit de revenir au point de départ. Car en course, lorsqu’on part sans se poser de question, il arrive souvent qu’on trouve une réponse sur sa lancée. […] La course ne vous oblige à rien, sauf à être vous-même. Un luxe par les temps qui courent. »

 

Cyril Chamalet (P95)

 

      (1) Ce n’est pas sans esprit chauvin que je vous parle de Cécile Coulon, née en 1990 à Saint-Saturnin          dans le Puy-de-Dôme, département de mon enfance. Elle a publié son premier roman à 17 ans et obtenu le prix des libraires en 2017 avec « Trois saisons d’orage » et a animé une émission La Source sur France Inter en 2023-24. Je vous recommande son dernier roman, La langue des choses cachées paru aux éditions l’Iconoclaste en 2024.

      (2) Petit éloge du running, Cécile Coulon, Éditions Les Pérégrines, Octobre 2021 ISBN 979-10-252-0543-3

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