Contribution de Grégoire Postel-Vinay (P77, CM80)
Dans la catégorie « généraliste » c’est-à-dire littérature géopolitique et, notamment, stratégie pour les grandes infrastructures, il y a ceci parmi les papiers les plus récents : https://legrandcontinent.eu/fr/2024/05/07/la-nouvelle-infrastructure-du-monde-au-coeur-du-projet-contre-hegemonique-chinois/
Dans les cas concrets de réindustrialisation, tout dépend si on parle de la France ou de l’Union. Pour la France :
En nombre d’usines : https://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/reindustrialisation-la-france-a-gagne-des-usines-en-2023-2085407
En termes d’outils et de stratégies en cours :
· Les territoires de l’industrie : https://www.economie.gouv.fr/le-gouvernement-selectionne-183-nouveaux-territoires-dindustrie
· Quelques aspects de la loi industrie verte (mais ce n’est pas un bilan global : il y a des éléments positifs notamment pour les industries cataloguées comme vertes ou contribuant à la lutte contre le changement climatique, mais aussi des contraintes pour d’autres. C’est par exemple le cas pour les marchés publics : https://www.economie.gouv.fr/daj/la-lettre-de-la-daj-la-loi-industrie-verte et https://www.economie.gouv.fr/daj/lettre-de-la-daj-la-commande-publique-et-la-loi-ndeg-2023-973-du-23-octobre-2023-relative
· La somme des efforts portés sur l’attractivité de la France porte ses fruits, la France étant devenue la première en Europe pour l’accueil des investissements étrangers. Le bilan qui sera publié la semaine prochaine à la suite de la réunion de « Choose France » en montrera quelques aspects. Là aussi il y a quelques nuances entre le bilan global et ce que claironnent Business France et E&Y. (Cf PJ1 et plus particulièrement les § sur « des outils de mesure imparfaits »). Globalement cependant, on remonte la pente par rapport à la dégringolade de 2005 à 2014) : effets du rapport Gallois, puis des mesures depuis 2017 (flat tax, réduction de l’IS, maintien du CIR, diverses mesures sectorielles, loi PACTE etc.). En revanche notre position d’excellence sur les grandes infrastructures s’étiole lentement, sauf sur le très haut débit.
· Quelques grandes opérations massives, volet français des PIEEC (Batteries, hydrogène avec un peu trop de hype, réhabilitation de zones industrielles et modernisation de Dunkerque.)
· Les contrats actualisés des comités stratégiques de filières : https://www.conseil-national-industrie.gouv.fr/decouvrez-19-csf et plus particulièrement sans que la liste soit exhaustive :
o Là où ça continue de progresser : luxe, cosmétiques.
o Là où ça remonte : nucléaire, biotechs https://annales.org/re/2024/re_113_janvier_2024.html https://annales.org/ri/2023/ri_novembre_2023.html ; peu/forêt (cf numéro des Annales de juillet prochain)
o Là où ça s’adapte dans un contexte difficile mais avec beaucoup d’énergie : aéronautique https://annales.org/ri/2024/ri_mai_2024.html
o Là où ça se maintient, en s’adaptant, eau https://annales.org/re/2023/re_112_octobre_2023.html
o Là où ça rame dans un contexte particulièrement difficile eu égard à la concurrence mondiale, notamment US et RPC : auto, espace, agroalimentaire chimiehttps://annales.org/ri/2023/ri_mai_2023.html https://annales.org/enjeux-numeriques/2024/en_25_03_24.html https://annales.org/enjeux-numeriques/2023/en_22_06_23.htmlhttps://annales.org/enjeux-numeriques/2022/en_19_09_22.html (et agroalimentaire de façon plus générale) ainsi que la Chimie, dans le contexte du différentiel des prix du gaz avec US que l’on sait : https://www.usinenouvelle.com/article/reindustrialisation-verte-une-nouvelle-page-s-ecrit-au-sein-des-plateformes-chimiques.N2212135 (et numéro d’octobre à paraître des Annales sur les plastiques)
o Là où ça dérape par rapport aux meilleurs : les gains de productivité, (et donc le CSF solutions pour l’industrie du futur ; dont l’IA). PJ2
Pour l’UE :
· Voir les suites des rapports Letta et Draghi, en cours : un peu tôt pour en tirer des conclusions, voyons ce qui passera effectivement, mais la tendance à une évolution industrialiste des politiques UE est nette.. avec des pays néanmoins fortement endettés, et sans disposer du seigneuriage du dollar, ou des modes de contrôle de l’économie du PC Chinois.
· Dans un contexte rendu très tendu
o Par la guerre d’Ukraine et le chaudron du Moyen Orient, où l’UE est en première ligne (rappelons que pour l’énergie les USA sont passés d’une forte dépendance au Moyen Orient en 2000 à une indépendance globale aujourd’hui. La Chine dépend à 18% de l’extérieur pour l’énergie, tout en déployant une hyperactivité de contrôle des ressources offshore. L’UE est quant à elle passée de 47% de dépendance en 2000 à 57% aujourd’hui, et achète du GNL plus cher que le gaz disponible aux USA sans avoir besoin d’être liquéfié, transporté, et revaporisé), ce qui fragilise sa chimie, qui est l’industrie de l’industrie, et derrière tout son secteur industriel.
o Par les politiques des principaux concurrents, RPC et USA (IRA) en tête.
Il y aurait beaucoup encore à dire, notamment sur le numérique et les industries et marchés nouveaux, https://annales.org/enjeux-numeriques/2023/en_24_12_23.html mais...j’ai beaucoup de boulot !
Bonne semaine
Grégoire POSTEL-VINAY
Ingénieur général des mines,
Président du pôle industrie et services de l’académie des technologies
Conseil général de l’Économie
Rédacteur en chef des Annales des Mines
Ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique
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