Carrières * "Mon téléphone n'a pas sonné"

"Pourquoi ce téléphone ne sonne pas ?

Toi aussi, tu te crois incontournable ?  

Lorsque je suis parti en congé sabbatique, une partie de moi n'était pas tranquille. J'avais l'impression d'être « parti comme un voleur ». Le recouvrement n'est pas vraiment le fort de nos entreprises modernes, rapides et pressées.
Alors mon successeur n'est arrivé que quelques semaines après mon départ. Alors même que j'avais accepté de le différer.

Nous avions passé quelques demi-journées ensemble . Mais j'étais persuadé que ce n'était pas assez. Qu'il y avait plein de zones d'ombres... 
Et qu'on allait forcément avoir besoin de moi. 

Tout en sachant que les cimetières sont remplis de gens irremplaçables, j'étais quasi-certain que j'étais l'un des seuls à connaître certains dossiers chauds.
A coup sûr, on allait me rappeler, voire me demander de revenir passer quelques jours sur site...
La réalité ? Mon téléphone n'a pas sonné une fois... 
Je me suis interrogé d'autant plus sur la réelle valeur que j'apportais dans mon poste...
Je ne comptais pas spécialement mes heures et sans être convaincu par l'utilité de tout ce que l'on me demandait, je pensais avoir une vraie contribution.
Et tu sais quoi ? Je pense toujours que c'était le cas. 
Mais je réalise aujourd'hui que j'étais loin d'être le seul à pouvoir m'occuper de telle ou telle mission...
Et si ça chatouille un peu l'amour-propre au début, c'est en fait une super nouvelle !  

➡️ Mon successeur a su reprendre le poste avec un recouvrement très bref ?

 Bravo à lui. Et à mon ancienne équipe, qui a su apporter le liant nécessaire à une transition réussie. 

 ➡️ J'étais bien moins indispensable que je l'imaginais ?

 Belle leçon pour l'avenir : j'aurais dû en profiter pour déléguer davantage, pour « externaliser mon travail » et me retirer progressivement de l'équation ! De ton côté, penses-tu que ton monde professionnel s'écroulerait si tu disparaissais en quelques mois ?
Si c'est le cas, il y a fort à parier que tu te trompes...
Le pire ? Si tu compenses un manque de sens dans ton travail par ce sentiment d'être incontournable, tu risques de tomber de haut !
Alors ne reste pas « par devoir » dans un poste qui ne te plaît plus.
C'est souvent une excuse de plus que l'on s'invente pour ne pas voir la réalité en face.
Pour ne pas avoir à sortir de sa zone de confort et quitter sa cage dorée.

En vérité, si tu as :

✅ formé tes équipes

✅ transmis les informations

✅ délégué ce qui pouvait et devait l'être...

ton départ ne sera sûrement qu'une formalité. Et c'est une super nouvelle ! Car tu auras l'esprit libre pour poursuivre ton propre chemin.
Si je peux t'aider à éviter mes propres erreurs, ce sera avec plaisir !"

Alexandre Willocquet (P94)